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1/ Prendre le bateau et passer la journée seule sur une île.

Dernière mise à jour : 20 juin

Je me suis ENFIN lancée... J'ai réservé une traversée, j'ai attendu le jour J avec impatience et je me suis rendue sur cette espèce d'île (presque) déserte, avec très peu d'humains et beaucoup BEAUCOUP d'oiseaux... le rêve, donc.


Pour cette toute première traversée, je voulais, petit un, la faire seule. Evidemment, la prochaine fois j'emmènerai ma fille. Petit deux, je voulais la faire un jour en semaine parce que je redécouvrais cette île pour la première fois 15 ans après y être allée ; je savais que beaucoup de choses avaient changé sur Cézembre et je n'avais aucune idée du monde qu'il pouvait y avoir, j'imagine que le week-end attire un petit peu plus de monde. J'étais agréablement surprise de voir que l'île était, franchement, quasiment déserte et bien que des personnes avaient décidé de venir en petit groupe, il y avait aussi surtout des duos et des personnes, comme moi, venues profiter SEULES.


Et à peine 5 minutes après que mes pieds aient foulés le sable chaud, j'ai compris pourquoi on venait seul•e ici. Le calme...


Le calme était roi.


Quand on habite Saint-Malo, on pense être au calme parce que c'est une ville, sans être une grosse ville. Parce qu'on entend à peu près partout les goélands qui nous rappellent les plages, parce qu'on sent l'air iodé jusqu'à assez loin dans les terres. Et alors, ces attributs du bord de mer nous inspire la tranquillité, c'est inconscient. D'un autre côté nous sommes aussi conscients que nous sommes loin de la vie des Parisiennes, ou même des Rennais•es. Bref, on se sent plutôt au calme.


Mais quand on arrive sur Cézembre... Non, là on remet tout en question et on se rend compte de ce qu'est réellement la définition du calme en bord de mer.


Comme je le disais sur mes stories Instagram, j'aurais évidemment préféré être sur un voilier (celui qu'on voit sur la photo par exemple, haha !) mais je ne connais personne qui possède un voilier et les traversée ne sont organisée par les différentes compagnie que sur ce genre de petite navettes.
Comme je le disais sur mes stories Instagram, j'aurais évidemment préféré être sur un voilier (celui qu'on voit sur la photo par exemple, haha !) mais je ne connais personne qui possède un voilier et les traversée ne sont organisée par les différentes compagnie que sur ce genre de petite navettes.

Pour revenir sur la traversée, je suis partie à 12h40 précisément, avec la compagnie "Corsaire". L'aller-retour m'a coûté 17.80€ mais j'ignore si les tarifs varient en fonction des jours et des périodes de l'année. Le prix me paraît tout à fait correct, la traversée était en effet très agréable, avec un équipage adorable et de la ponctualité (je suis toujours surprise de voir comme les bateaux peuvent respecter à ce point leurs horaires, je me dis systématiquement qu'ils dépendent largement plus des éléments qu'une voiture ou qu'un train et pourtant les horaires de départs et d'arrivées sont toujours respecter avec précision, je trouve ça fou !).




A) Les oiseaux


Ce qui frappe en premier, bien avant le calme, puisque c'est quelque chose qui se remarque déjà quand le bateau est en train d'accoster, c'est l'omniprésence des oiseaux ! Il y en avait des tonnes et des tonnes et ce n'est évidemment pas pour me déplaire. L'ambiance faisait très "réserve ornithologique", comme celles que je vois dans les reportages que j'aime tant.


Sur les plages en "ville", le sable dur est toujours jonché de traces de chaussures. Ici, il l'est par les traces de pattes d'oiseaux.
Sur les plages en "ville", le sable dur est toujours jonché de traces de chaussures. Ici, il l'est par les traces de pattes d'oiseaux.

Par contre, au niveau des espèces que j'ai pu observer ce jour-là, j'avoue (et là je me sens un peu comme une gamine pourrie gâtée qui chouine pour rien) avoir été un poil déçue de ne voir que des espèces que je croise déjà régulièrement à Saint-Malo même. Mais attention, il y a une raison à cette déception, je vous explique :


Je ne me rendais pas sur cette île que pour mon plaisir personnel, je m'y rendais également pour quelques raisons professionnelles : choper quelques images sympa pour créer du contenu pour les réseaux sociaux, faire des croquis (et donc continuer encore et toujours d'améliorer ma technique artistique), et une raison un peu plus précise : tenter de voir des Pingouins torda ! Parce que oui, paraît-il que l'on peut en voir là-bas, et j'avais justement prévu le lendemain de sortir une vidéo de vulgarisation scientifique sur les pingouins. J'aurais A-DO-RÉ avoir mes propres images plutôt qu'utiliser celles de la banque d'image où je me fournis d'habitude. Mais bon tant pis. J'avais cru être pile dans la période de reproduction et espérais vraiment en voir... Après coup, je pense désormais qu'il faudrait que je vienne un peu plus tôt l'année prochaine, plutôt en Avril. Le reste de l'année, très peu de chance : le Pingouin torda reste une espèce pélagique.


Je reste quand même très reconnaissante d'avoir pu observer autant de Goélands qui n'ont pas du tout le même comportement que ceux qui se trouvent en ville. Plus calmes, moins territoriaux... J'ai aussi pu sortir mon sandwich sans crainte qu'on vienne me l'attraper directement dans les mains (les touristes se font toujours avoir en ville, encore la semaine dernière un homme s'est fait voler sa gaufre par un Goéland juste devant mes yeux... Ma foi, une aubaine pour les marchands ambulants qui vendent parfois deux fois de suite le même article à cause de ce genre de scène !).


Je sais que les différentes espèces de Goélands sont plutôt du genre à cohabiter mais je n'imaginais pas qu'elles étaient à ce point paisibles même en période de reproduction. Goélands bruns, Goélands argentés et Goélands marins se mêlent sans encombre sur cette île. D'ailleurs, savez-vous reconnaître ces trois espèces de goélands ? Je vous montre ! C'est très facile !


Le goéland argenté est celui que l'on voit le plus ! Il a les ailes gris clair et les pattes roses.
Le goéland argenté est celui que l'on voit le plus ! Il a les ailes gris clair et les pattes roses.
Le goéland brun a les ailes gris foncé et les pattes jaunes (le jaune des pattes est plus ou moins vif).
Le goéland brun a les ailes gris foncé et les pattes jaunes (le jaune des pattes est plus ou moins vif).
Le goéland marin est plus gros, avec un bec nettement plus épais, comme vous pouvez le voir. Il a les ailes gris foncé (presque noires) et les pattes roses.
Le goéland marin est plus gros, avec un bec nettement plus épais, comme vous pouvez le voir. Il a les ailes gris foncé (presque noires) et les pattes roses.

Je précise que vous pouvez aussi croiser de temps en temps des goélands leucophées par ici, même si c'est rare. Pour cette espèce-là, toujours aussi facile : ailes gris clair et pattes jaunes.



D'ordinaire j'ai toujours un peu de mal, en ville à différencier les Goélands marins et les Goélands bruns s'ils sont, par exemple, en vol, ou si je n'arrive pas à distinguer la couleur des pattes. Je sais juste que je vois un Goéland aux ailes sombres, mais je ne sais pas quelle espèce. Mais de les voir l'un à côté de l'autre, ça ne fait plus aucun doute... Le marin est nettement plus foncé et plus gros que le brun !


Et quand je vous dit qu'ils cohabitent, voici une photo qui réuni les trois espèces en même temps... Voyez la proximité.
Et quand je vous dit qu'ils cohabitent, voici une photo qui réuni les trois espèces en même temps... Voyez la proximité.
Tout ceci m'a inspiré ma première page de la journée !
Tout ceci m'a inspiré ma première page de la journée !

Les Goélands nicheurs ici nous offrent également un autre beau spectacles... leurs bébés ! Pour tout vous dire, j'habite à Saint-Malo et il me semble que je n'avais jamais croisé de très jeune Goéland... Uniquement des "juvéniles" qui savent déjà voler et qui ont atteint leur taille adulte (mais pas leur plumage). Cette journée-là, il y avait ÉNORMEMENT de "bébés", assez proches des sentiers, qui craignaient évidemment un peu la vue des humains mais pas tant que ça non plus. Les parents criaient un peu quand je passais proche d'un duo ou trio de bébés, mais il n'y avait pas énormément d'agressivité. C'était agréable, paisible... Comme s'ils avaient l'habitude qu'on ne leur fasse pas de mal, ici...


Regardez-moi cette... CHOUTITUDE !!!



Si vous regardez bien les photos, vous pourrez voir que les différents plumages donnent des indices sur l'âge des petits. Vous pouvez aussi remarquer qu'ils sont toujours par deux ou par trois.


Passons aux Cormorans. Je pense avoir vu des grands Cormorans et des Cormorans huppés, même si j'avoue manquer de connaissances pour être sûre à 100% de mes identifications. Je sais qu'il existe plusieurs sous-espèces avec des différences de plumages, je ne connais pas bien leur mode de vie et n'ai pas lu énormément à leur sujet (pas par manque d'envie évidemment, juste parce que je me suis renseignée sur d'autres espèces avant, mais ça viendra !).


Ce que je pense être des Cormorans huppés... ils n'ont pas toujours leur huppe contrairement à ce que semble indiquer leur nom. Ils ne l'ont qu'en période nuptiale.
Ce que je pense être des Cormorans huppés... ils n'ont pas toujours leur huppe contrairement à ce que semble indiquer leur nom. Ils ne l'ont qu'en période nuptiale.
On reconnait aussi facilement les plus jeunes !
On reconnait aussi facilement les plus jeunes !

J'ai aussi pu voir un Pipit farlouse qui est venu se poser sur une barrière. Les pipits farlouse peuvent vivre à divers endroits, même si j'avoue avoir été un peu étonnée de le voir ici. Je sais que c'est un oiseau qui peut vivre sur le littoral mais de là à être sur une île assez loin de la côte... Mais pourquoi pas ?! Après coup j'avoue que cet endroit-là paraît idéal pour lui étant donné qu'en plus des milieux humides, cet oiseau niche régulièrement dans les friches industrielles. Et on le verra tout à l'heure, mais l'endroit peut y ressembler...


Et pour finir, évidemment j'ai vu des Huitriers pie, que j'ai également l'habitude de voir sur les différentes plages de Saint-Malo. On les reconnaît à leur plumage noir et blanc et surtout à leur looong bec rouge. J'ai complètement oublié de faire des photos... Par contre je les ai sur des vidéos qui apparaitront sûrement sur Instagram.


B) La flore et autre faune


Et je pense ne pas trop vous surprendre si je vous confie que la flore est aussi assez similaire à celle que je croise sur les plages de Saint-Malo. Une multitude de Lagure queue-de-lièvre, beaucoup d'Armérie maritime, du Liseron des dunes, des Campanules... et des algues évidemment !


Malgré tout j'étais heureuse de revoir de la Vipérine commune, je n'en avais pas vu depuis un moment. J'ai même pris le temps de la dessiner dans mon carnet, au côté des bébés goélands et d'une coquille d'huitre particulièrement jolie que j'ai trouvée sur le sable.



La Vipérine commune est une très jolie plante à fleurs bleu-violet. Si vous reconnaissez le mot "vipère" dans son nom, c'est tout à fait normal ! En effet la couleur et la forme des pistils (voyez comme ils se dédoublent au bout) rappelle une langue de serpent. C'est une plante que j'adore et que je trouve particulièrement intéressante ! Remarquez aussi la cyme de ses inflorescences qui s'enroulent sur elles-mêmes (on les appellent "scorpioïdes" car elle rappellent la queue des scorpions... décidemment... une langue de vipère, une queue de scorpion... le comble c'est que cette plante est toxique !).


Je voyais aussi énormément de papillons. Encore une fois, assez surprise ! L'île est très exposée au vent et j'avais la naïveté de penser que les papillons seraient peut-être assez peu ici. Il n'en est rien ! Ils étaient très nombreux. Je les vois encore comme de petits êtres fragiles incapable de supporter un coup de vent... Je me trompais grandement !


Un Sphinx colibri sur une Vipérine commune.
Un Sphinx colibri sur une Vipérine commune.
Orpin âcre que je voulais aussi dessiner sur une troisième page mais j'ai manqué de temps. Une prochaine fois !
Orpin âcre que je voulais aussi dessiner sur une troisième page mais j'ai manqué de temps. Une prochaine fois !

Niveau mammifère, l'île n'est pas censée en abriter énormément, quelques rats et quelques lapins de garennes apparemment, d'après mes recherches... Ce qui n'explique absolument pas la présence de plusieurs crottes vues sur le sentiers et dont j'ignore totalement l'origine. Les chiens sont interdits sur l'île alors ça ne peut pas être ça... Peut-être un rat musqué ou un ragondin qui aurait traversé la mer depuis les bords de rance ? Mais ça fait une sacrée distance quand même... Ecoutez je vais mener ma petite enquête et je vous en dirais plus si je trouve des réponses !


Et là tu sais que t'es devenue une vraie naturaliste quand tu commences à prendre des photos de crottes !
Et là tu sais que t'es devenue une vraie naturaliste quand tu commences à prendre des photos de crottes !

C) La randonnée


Une petite randonnée est faisable sur l'île. Rapide, pas très sportive même si ça grimpe quand même un peu, on y découvre de superbe points de vue et toujours plus de Goélands nicheurs. C'est une vraie colonie ! Ce jour-là, une portion du sentier était même fermée pour protéger les nids. Et vous savez quoi ? J'étais émue...


Émue parce qu'à Saint-Malo, les gens font la guerre aux nids de Goélands. Ils détruisent (ou font détruire) les œufs et les nids parce qu'ils trouvent qu'il y en a trop, qu'ils crient trop fort, qu'ils déposent leur fientes partout. Vous savez ce genre de personnes qui pensent que le monde devrait être réservé aux humains... Mais bref ! Ici on protège les nids de Goélands (et des autres oiseaux bien sûr) et ça met du baume au cœur !



Avec la petite touche d'humour qui va bien... "Regardez ce qui va vous arriver si vous franchissez cette limite !"
Avec la petite touche d'humour qui va bien... "Regardez ce qui va vous arriver si vous franchissez cette limite !"

Petit message de prévention : si vous prévoyez de faire cette randonnée, pensez évidemment à vos chapeaux/casquettes/et autres couvre-chefs... Pas d'arbre sur l'île, que de la végétation basse et évidemment, en été (ou quasiment en été) ça tape ! La crème solaire sera aussi de mise, même en dessous des vêtements ! Parole d'une fille toujours aussi naïve qui pensait que son legging la protègerai des coups de soleil...


Vous vous demandez sûrement pourquoi le sentier ne couvre pas une plus grande partie de l'île ? On verra ça dans le dernier point. En attendant je vous montre les jolis points de vues depuis différents endroits du sentier.




D) Un site historique


Souvenez-vous, nous sommes en Bretagne Nord. La seconde guerre mondiale est passée ici et a laissé beaucoup de traces ! Cézembre était un site privilégié par l'occupation allemande et elle a subit d'horribles bombardements. D'ailleurs, sachez que la géographie de l'île n'était pas du tout la même avant les fameuses bombes au napalm notamment (qui furent parmi les premières à être utilisée, c'est une anecdote connue dans le coin). Si vous revenez sur la troisième image de l'article, vous pouvez par exemple voir un petit bout rocheux détaché de l'île à gauche... Il ne l'était pas avant. Ce sont les bombardements qui ont créé ce creux et détruit ce qu'il y avait entre.


Et tout le relief de l'île n'est pas forcément naturel. De nombreuses explosions d'obus ont créé des crevasses encore visibles aujourd'hui. Et même si la nature a bien repris ses droits, la géographie de l'île porte encore évidemment de lourds stigmates ! Revenons donc à cette question : savez-vous pourquoi le sentier ne couvre pas une plus grande partie de l'île ? Parce que c'est un site naturel protégé, oui... Mais aussi parce que l'île n'est pas encore entièrement déminée... ça fait peur hein ?



Sachez d'ailleurs que ce sentier n'existait même pas il y a encore quelques années. Quand j'y étais allée, il y a 15 ans, seule la plage était accessible. D'importantes opérations de déminages ont permis de rendre l'île un tout petit peu plus visitable mais comme vous pouvez le voir, il reste encore dangereux de s'aventurer au-delà des barrières. Pour les férus d'histoire, sachez que les vestiges de certaines armes de guerre et quelques fortifications sont encore visibles. Voilà pourquoi je disais que le pipit farlouse avait sa place ici... S'il aime l'ambiance "friche industrielle" alors ces reliques doivent évidemment être à son goût !



D) Conclusion


C'est sur cette note, pas très joyeuse, j'en suis navrée, que je termine mon récit. Moi, je me remonte le moral est espérant que cette île ne sera jamais plus accessible que ça. La biodiversité y est libre, et paisible. Elle reprend ses droits sur les ruines de la folie humaine et c'est un joli symbole, de mon point de vue. Nous n'avons pas réellement besoin de la piétiner encore plus.


Après la randonnée sur le sentier, j'ai continué mes croquis sur la plage. Et il était déjà temps de rentrer. La navette du retour nous prenait à 18h. 5h sur cette île et j'avais tant à voir que j'ai manqué de temps et je n'ai même pas pris 10 minutes pour me baigner... raison de plus pour revenir, bien sûr !


Au retour, l'équipage du bateau nous a averti que des dauphins avaient été aperçus dans la baie. On a tous ouvert grand les yeux pour tenter de les apercevoir, mais en vain. Et ce n'est pas grave. J'aurais d'autres occasion. Je suis rentrée à la maison, retrouver ma fille, avec un appareil photo plein à craquer, de nouvelles couleurs dans mon carnet et des coups de soleil. C'était une journée pleine de leçons et d'observations !


À BIENTÔT CÉZEMBRE !



 
 
 

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Coucou ! Moi c'est Lisa ! La créatrice qui se cache derrière "Curieuse de Nature". Je vis en Bretagne, dans un petit coin entre le bord de mer et la forêt de Brocéliande. Vivre au milieu de ces paysages bigarrés m'inspire et me rappelle tous les jours à quel point la nature est surprenante, attachante et surtout inspirante. Et, tout comme elle change au fil des saisons, j'aime varier mes créations à travers plusieurs techniques artistiques : aquarelles, feutres professionnels, illustrations numériques... Sur ma boutique, vous trouverez principalement des reproductions de mes planches naturalistes et de la papeterie. Mais ce n'est pas tout ! Je crée aussi du contenu éducatif sur des sujets de biologie et de biodiversité, que je vous invite à découvrir sur instagram et threads. 

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